La Naturopathie reconnue ?

Print Friendly, PDF & Email

Un article de Gille DONGUY. <Section Polémiques>

P.V. Marchesseau

L’Académie de médecine, dans son rapport du 5 mars 2013 sur les médecines complémentaires  a reconnu quatre pratiques : l’Acupuncture, l’Ostéopathie (et la chiropraxie), le Tai Ji (on se demande ce que cette pratique, qui un art martial vient faire ici), et l’hypnose. Ne soyons pas dupe : plutôt qu’une reconnaissance, il s’agit en fait d’un recadrage pour mieux museler les pratiques complémentaires…et les thérapeutes! Car selon l’Académie, seuls les Médecins, Sage-femmes et autres professionnels « officiels » de la Santé sont censés les pratiquer, cela va de soi… A ses yeux (l’académie) la seule Médecine est la Médecine scientifique, le reste n’est qu’empirisme devant être sous contrôle. Autant dire que le drapeau de la Naturopathie et assimilés est loin d’être hissé haut! Etat des lieux…

 

Officiellement,la Naturopathie c’est…

Les écoles de Naturopathie et les différentes organisations de regroupement (fédérations, associations de thérapeutes, etc.) ont leur propre définition et positionnement de la Naturopathie au sein des diverses obédiences thérapeutiques, comme nous le préciserons plus loin.

Mais pour autant la Naturopathie fait l’objet, de la part des  organismes officiels, de tentatives de définitions et de cadrage plus ou moins pertinents.

Ainsi, selon l’article L 4161-1 du Code de la Santé publique, « la Naturopathie n’est pas un acte médical », car aucun « diagnostic ni traitement de maladies » n’est réalisé…

Arrêtons-nous un instant sur l’interprétation possible de cette approche officielle.

Cela veut dire que théoriquement, le Naturopathe fait un bilan vital, certes, mais pas de diagnostic, et qu’il conseille des biothérapies (plantes, compléments, etc.), certes, mais pour restaurer un « terrain» favorable, et non traiter une maladie…Bref, le Médecin diagnostique et prescrit pour traiter une maladie, le Naturopathe fait un bilan vital et conseille pour renforcer le terrain du patient…La complémentarité semble idéale…à suivre !

 

Revenons aux regards officiels

L’Europe classe les disciplines des médecines alternatives ou complémentaires (Médecine Chinoise, Naturopathie, etc.) sous le terme de « Médecines Non Conventionnelles », tandis que l’OMS parle de « Médecines Traditionnelles ». La Naturopathie a été référencée par l’OMS à l’occasion de la conférence d’Alma Ata de 1978.

L’Unesco pour sa part la considère comme une « Médecine traditionnelle », tandis qu’elle est enregistrée officiellement par le Bureau International du Travail (B.I.T), sous l’égide de l’ONU, depuis 1968.

Autant être clair d’entrée de jeu : au-delà de ces diverses prises en compte, en France la Naturopathie ne fait pas l’objet d’une reconnaissance officielle (est-ce souhaitable ? c’est un autre débat où il faut distinguer le fait d’être reconnu et le fait d’être règlementé…, voir article les maux et les mots du naturopathe), et se complait dans un vide juridique déplorable,  contrairement à bon nombre de pays Européens.

Il est d’ailleurs assez édifiant de constater qu’en Europe, ce sont les Pays Latins (France Italie, Espagne, Grèce, etc.) qui rechignent le plus à accorder une reconnaissance sans équivoque, tandis que les pays plus septentrionaux (Allemagne, Angleterre, Norvège, etc.) intègrent plus ou moinsla Naturopathie(sous diverses appellations, pensons aux Heilpraktiker en Allemagne) dans leur politique de santé !

La seule vraie « reconnaissance officielle » émane de nos organismes de prélèvements sociaux et de l’INSEE : la Naturopathie est en effet affectée du code APE 8690F, traduisez  par « Activités de santé humaine non classées ailleurs ».

Au moins les Naturopathes cotisent !

 

Résumons par le schéma ci-dessous :

Figure 1. La Naturopathie officiellement

 

Mais voilà que selon le site « Ouvertures »,  Le projet, baptisé « Classification internationale de la médecine traditionnelle » doit déboucher « sur la mise en place d´une base de données internationale permettant d´organiser les pratiques de cette médecine, en répertoriant les terminologies et en proposant une classification des diagnostics et des méthodes d´interventions », indique l’OMS dans un communiqué rendu public le 7 décembre 2010.

A suivre !

 

Naturo localisation

Traditionnelement, la Naturopathie se positionne au sein d’un « triangle médical », illustré comme suit :

 

Figure 2. Le triangle médical

 

Ce schéma d’apparence simpliste présente cependant l’avantage de bien contextualiser la Naturopathie dans une optique de complémentarité avec d’autres disciplines :

 

  • L’allopathie, ou si vous préférez, la  « Médecine Moderne ». Elle est indispensable pour les urgences,  les maladies infectieuses graves et les atteintes organiques nécessitant  le recours à un arsenal allopathique puissant, la chirurgie, etc. Cette médecine est aussi irremplaçable de par ses outils diagnostic puissants (imagerie, analyses de laboratoire, etc.) permettant de distinguer le  chronique de l’aigu, le grave du bénin, l’urgence du moins urgent. Je qualifie volontiers cette médecine technologique performante : « Ingénierie médicale ». Elle offre aussi l’avantage énorme de  « rassurer » lorsque l’on a un doute sur tel ou tel ensemble de symptômes, par exemple des douleurs thoraciques inquiétantes qui sont au finale bénignes et non liées à  des problèmes cardio-vasculaires sérieux…

 

  • La Naturopathie, qui s’occupe de l’être Humain dans sa globalité, l’aide à corriger ses erreurs en matière d’hygiène de vie, propose des stratégies notamment pour les maladies dites  « fonctionnelles » (sans atteinte organique). Le domaine de la  Naturopathie est incontestablement celui des troubles chroniques, ou des problèmes aigus à répétition (ce qui est une forme de chronicité). Elle se charge d’éliminer les causes flagrantes de déséquilibres, de restaurer une  hygiène de vie adaptée.

 

  • L’Homéopathie, une médecine permettant d’aller très  loin dans l’individualisation, visant a équilibré le « Terrain »  du patient. Nous sommes ici dans les réglages de précision, l’éradication  du grain de sable qui bloque l’ensemble du système…

 

Naturo relocalisation!

Cela dit, si ce triangle médical a une portée pédagogique indiscutable, il semble pour le moins réducteur et sujet à discussion ou interrogations.  Ainsi le terme « Allopathie » est sans doute mal  choisi, il renvoie à la notion de « traitement par les contraires », utilisé aussi bien par la Naturopathie que par la Médecine moderne.

Ainsi, l’anti inflammatoire naturel du Naturopathe (Harpagophytum par exemple) et le médicament anti inflammatoire de synthèse du Médecin relèvent tous deux de…l’allopathie !

D’autre par ce triangle ne montre pas la diversité des options thérapeutiques : par exemple, il n’y a pas que l’Homéopathie en terme de médecine « énergétique »  ou « subtile » ou « douce » : pensons à l’acupuncture, et l‘organothérapie (qui est certes apparentée à l’homéopathie), aux fleurs de Bach entre autres.

On ne voit pas non plus dans ce triangle médical le double aspect de la Naturopathie: la Naturopathie « fondamentale », et la Naturopathie « interventionniste » faisant appel aux « biothérapies » : phytologie, aromatologie, et même homéocomplexes ! C’est dire s’il peut y avoir « chevauchement » entre les 3 sommets du triangle….

 

Daniel Kieffer, dans son ouvrage réactualisé « Naturopathie », a d’ailleurs repris ce triangle, dont nous reproduisons ici une version simplifiée et revisitée,  en montant d’un cran dans l’abstraction et la généralisation :

Figure 3. Le triangle médical bis

Dans ce triangle médical bis, la Naturopathie constitue toujours le « socle », la base indispensable pour prétendre au maintien d’une santé correcte ou à son retour, et fait écho à d’autres médecines traditionnelles regroupées sous le terme de médecines douces, dont certaines renvoient à la notion d’ethnomédecines. Chaque approche entretient des liens avec les autres : même si le docteur en Médecine est de facto habilité à user des « médecines douces », il est clair que le Naturopathe,  dans le volet interventionniste se son activité, peut aussi faire appel  à certaines de ces médecines douces : nous avons vu en effet dans un précédent article (Naturopathie : vue panoramique!) que la Naturopathie selon Marchesseau, propose les « Dix techniques Naturopathiques », parmi lesquelles figurent l’usage des plantes….

 

Ces « Médecines douces » sont d’ailleurs le lieu de convergence… ou de  discorde entre les praticiens médecins et non médecin ! La frontière entre qui fait quoi ou pas est ici ténue, même si officiellement les médecins sont les seuls habilités à prescrire de la phytothérapie, de l’aromathérapie, des homéocomplexes (qui sont classés « médicaments »). Alors dans quelle mesure et quel contexte les Naturopathes font appel à ces diverses biothérapies… Quoiqu’il en soit, aucun thérapeute, médecin ou non, ne peux bien sûr maîtriser l’ensemble de la foison des Médecines dites « douces » : L’homéopathie par exemple requiert une solide formation !

Ce triangle montre ainsi tout à la fois la nature floue des frontières entre chaque approche, les chevauchements et emprunts réciproques étant de mise, et le rôle relativement bien défini de chaque catégorie de praticien de santé (médecin, naturopathe, spécialiste en telle ou telle biothérapie), ce qui rejoint le concept de « médecines convergentes » qui selon moi, devrait prévaloir…


Laissez votre commentaire ci-dessous, ou donnez votre appréciation en « votant ». Plus d’infos sur les commentaires et les votes en cliquant ici.

VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 7.4/10 (9 votes cast)
VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0 (from 0 votes)
La Naturopathie reconnue ?, 7.4 out of 10 based on 9 ratings

Incoming search terms:

  • code ape naturopathe
  • Formation Naturopathie Reconnue
  • OMS naturopathie
  • ape naturopathe
  • diplome naturopathe reconnu par l\état
  • code naf naturopathe
  • Naturopathe ape 9609z
  • quels organismes sont reconnus naturopathie
  • les professions médicale sont reconnus par quel organisme?
  • dans quels pays le deap est reconnu