Drainage et Détox

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Drainage et Détox : de quoi parle-t-on ?

Un article d’ Alain Tardif. <Section Techniques Naturopathiques>

Monodière de raisin

Nos modes de vie modernes, notre alimentation, les polluants auxquels  nous sommes quotidiennement exposés, conduisent généralement à ce qu’on appelle communément l’encrassement de l’organisme. Le drainage constitue donc l’une des bases fondamentales de la Naturopathie.

Le drainage et la détoxication, qu’est-ce exactement :

Le drainage consiste à éliminer par nos « émonctoires » (foie, reins, poumons, peau, colon), les toxines qui peuvent encrasser notre organisme ou certaines parties de notre organisme. Ce terme général désigne aussi bien l’élimination de toxines que de toxiques.

La détoxication est un terme voisin, qui désigne plutôt l’élimination de toxiques, et éventuellement la faculté de l’organisme à résister à l’addiction qui conduit parfois à s’intoxiquer. Ainsi, un alcoolique doit d’une part éliminer l’alcool qui pollue son corps, et notamment son foie, mais également éliminer toute dépendance à la substance toxique.

Bien sûr, le drainage de l’organisme favorise aussi la détoxication de l’organisme, mais il n’agira pas suffisamment en profondeur pour éliminer une addiction, qu’elle soit physiologique ou psychologique.

Toxines et toxiques, quelles différences :

La « toxine » est généralement une substance de type déchet, qui peut être issue de la digestion ou de la dégradation des bases azotées contenues dans les molécules d’ADN, ou encore du fonctionnement de la cellule. Il est donc tout à fait naturel que le corps produise des toxines. En quelque sorte, les toxines sont les déchets ménagers dont la cellule et le corps doivent se débarrasser quotidiennement.

Parmi ces déchets, citons le plus courant, à savoir l’urée, issue de l’ammoniaque, généralement produite par la transformation d’acides aminés dans les cellules. Cette ammoniaque est très toxique pour les reins, aussi, le foie le transforme en urée, déchet pouvant être éliminé ensuite par les reins.

Les acides pyruviques et lactiques, issus de la dégradation du glucose dans les cellules, lors notamment de la respiration cellulaire, ou de la fermentation, sont les déchets qui provoquent les crampes. On citera également comme toxine courante l’acide urique, qui peut cristalliser en urates dans les articulations, générant ainsi les crises de gouttes ou les rhumatismes.

Ces toxines sont plus ou moins présentes dans notre organisme, en fonction de nos aliments. Il existe donc une alimentation « hypotoxinique ». Mais une mauvaise oxygénation des tissus peut être aussi en cause. Précisons enfin qu’une alimentation allergisante peut être génératrice de toxines.

Le « toxique » est plus violent que la toxine. Si la toxine s’accumule insidieusement avant de générer une maladie, le toxique peut s’avérer dangereux en exposition dite aigüe. On parle de toxicité aigüe, conduisant souvent à des troubles de santé et pouvant nécessiter l’intervention d’un centre anti poison. Le toxique est un poison au sens ancien du terme, capable éventuellement de provoquer la mort lors d’une surexposition.

Il peut être d’origine naturelle, tel que les drogues, l’alcool, les alcaloïdes de plantes toxiques, les métaux lourds, etc. ou artificielle, comme les pesticides, les polluants de synthèse (dioxine, etc.).

Dans le cas d’une allergie, une surexposition peut aussi provoquer la mort du patient, mais dans ce cas, on note que la cause n’est pas la substance elle-même mais une hyper réaction de l’organisme à la substance, et notamment de son système immunitaire, pouvant provoquer par exemple un œdème de Quincke.

Une substance toxique l’est pour tout le monde, alors une substance allergisante ne l’est que pour une fraction de la population.

Mais comment éliminer ces substances nocives ?

Evidemment, c’est la première question qui vient tout de suite à notre esprit, même si tout le monde n’a pas forcément besoin de recourir à des techniques de drainage. Il existe de nombreuses techniques souvent très basiques, et d’origine très ancienne.

Les méthodes de drainage les plus basiques sont les « jeunes », les « diètes » et les « monodiètes », sorte de diètes réalisées par la prise d’un seul aliment. Nous citerons par exemple la diète au potage de légumes et de pomme de terre, grand classique du drainage, mais aussi la monodiète au raisin ou au riz cuit, particulièrement drainantes.

Mais on peut aussi drainer en faisant les cures de printemps ou d’automne, les cures devant être faites plutôt lors des saisons de transition.

Au printemps, saison de la montée de sève, on conseille les cures d’aubier de tilleul ou de sève de bouleau. La cure de printemps peut aussi être faite à partir de jeunes pousses, de plantes printanières, telles l’ortie ou le pissenlit.

En automne, les cures les plus adaptées sont faites avec des légumes racines, qui correspondent à la saison, ou avec le chou ou encore certains fruits drainants et peu acides, tels la pomme, la poire ou le raisin. Ce type de drainage peut être renforcé par la prise de plantes drainantes plus ou moins spécifiques, tels que la bardane, excellent drainant de la lymphe et du sang.

Citons également une autre grande technique, le drainage lymphatique. Sachez tout d’abord que si le sang est facile à drainer, grâce aux émonctoires, les toxines et toxiques qui encrassent la lymphe sont plus difficiles à éliminer, car celle-ci circule très lentement dans les tissus, voire peut stagner. Le drainage lymphatique favorise la circulation de la lymphe et ramène la lymphe autant que possible au retour veineux. Les toxines ainsi revenues au circuit sanguin seront alors plus faciles à éliminer.

Il est enfin utile de prendre des élixirs floraux qui agissent sur des états émotionnels propices à se faire du « mauvais sang ». C’est le cas lorsqu’une personne rumine les soucis. L’élixir de marronnier blanc peut être conseillé dans ce cas là, en adjonction à un traitement drainant. On considère également qu’une personne dont la peau est très encrassée devrait prendre l’élixir de pommier sauvage, pour agir sur l’aspect émotionnel de l’encrassement cutané.

Le drainage, mécanisme d’action

Nous n’exposerons pas ici le mécanisme d’action d’une désintoxication, qui est très complexe et qui met en jeu une action nécessaire de régulation des neurotransmetteurs, par des plantes en particulier. Nous allons plutôt nous contenter de décrire comment fonctionnent les émonctoires, puisque ce sont eux les principaux acteurs du drainage.

Il existe quatre émonctoires principaux (le foie, les reins, le colon, les poumons), et un secondaire (la peau), qui peut vite être encrassé :

Le rein est par excellence l’organe qui nettoie le sang de ses toxines. Ce drainage est effectué par le néphron, unité fonctionnelle du rein. Le jeu de filtration est très complexe, aussi n’est-il pas utile de rentrer dans le détail. Toujours est-il que ce néphron élimine les petites molécules toxiques et toxiniques, tels que les toxines que nous avons citées en début d’article, ainsi que les métaux lourds (le mercure dans une moindre mesure), les médicaments de synthèse, les dioxines, les drogues, etc.

En parallèle, le néphron, qui dans un premier temps laisse passer les petites molécules utiles (glucose, acides aminés, oligo-éléments, sels minéraux, eau, etc.), récupère dans le sang tout ce qui est utile. Ainsi, le rein élimine ce que l’organisme ne sait pas ou ne peut pas utiliser.

Le foie est un éliminateur de déchets, par la bile notamment, mais aussi un transformateur de déchets.

Lorsque les globules rouges meurent, l’hémoglobine qu’ils contiennent est recyclée. Problème, cette grosse molécule contient un attelage central complexe impossible à recycler et à éliminer, l’hème. Cet hème est orienté vers le foie, lequel le transforme en un déchet éliminable, la bilirubine. Ce déchet, de couleur jaune, est éliminé par la bile. Une jaunisse révèle une insuffisance de la fonction hépatique à éliminer ce déchet, si bien qu’il s’accumule dans le sang et la lymphe et nous donne une teinte jaune bien marquée.

Le foie transforme également l’ammoniaque en urée, comme nous l’avons déjà expliqué, ce qui permet d’éliminer des déchets azotés ensuite par les reins.

Mais le foie est également le garde fou post digestif. Lorsque nous consommons des aliments contenant toxiques et toxines, les molécules issues de la digestion passent la barrière intestinale dans le sang et la lymphe. Les toxines et toxiques qui arrivent dans le sang sont dirigés vers le foie, par la veine porte hépatique. Le foie effectue alors un travail de filtration et de neutralisation de ces substances indésirables.

Ainsi, médicaments, alcool, drogues, etc., sont en premier neutralisés par le foie. Si l’on consomme trop d’alcool, alors le foie est débordé et relargue de l’éthanol non transformé dans le sang, et c’est ainsi que surviennent les premières vapeurs de l’ivresse.

Pour les substances absorbées directement dans la lymphe, hélas, le foie ne peut plus jouer  son rôle, et c’est ainsi que le système lymphatique peut s’encrasser.

Le colon élimine principalement les cellules mortes des muqueuses intestinales et une partie de la bile issue de la vésicule biliaire. Mais c’est aussi un éliminateur de métaux lourds. En particulier, le colon élimine 90% du mercure, tandis que les reins n’en éliminent que 10%.

Les poumons, quant à eux, éliminent le gaz carbonique en excédent, limitant alors l’acidose du sang, ainsi que certaines substances malodorantes bien connues des mangeurs d’ail et de poireaux, et de l’entourage qui les subissent.

La peau n’est qu’un « émonctoire secondaire », mais nécessaire malgré tout. Certaines personnes sont décédées par le passé de s’être enduites la peau  entièrement de peintures pendant un carnaval. Cette peau élimine 10% des déchets éliminés par les reins. Si les reins ou le foie sont débordés, la peau s’encrasse rapidement, et apparaissent alors acné, eczémas, furonculoses, éruptions de boutons, etc.

Chez les femmes, les règles peuvent constituer un facteur d’élimination de déchets. C’est pourquoi certains considèrent l’utérus comme un émonctoire supplémentaire, même s’il a fonction première de donner la vie. Cela dit, cette faculté chez la femme d’éliminer mieux les déchets peut expliquer sa plus grande espérance de vie que chez l’homme.

Ces émonctoires nécessitent beaucoup d’énergie biologique. D’où l’intérêt des diètes et des jeunes par exemple.

Effectivement, ces pratiques mettent au repos le tube digestif, ce qui permet à l’énergie vitale d’activer les émonctoires. Ainsi, lors d’une diète ou d’un jeune, non seulement on ne consomme plus de toxiques et de toxines, mais en outre, on élimine plus de toxines et de toxiques en activant notamment le foie et les reins. Souvent d’ailleurs, les premiers jours d’une diète ou d’un jeune, les urines sont foncées et malodorantes.

Des aliments dépuratifs comme les asperges produisent également des urines malodorantes et foncées. Ce sont aussi des aliments du drainage. Mais le drainage peut être plus spécifique, par exemple, la bardane, qui draine surtout la peau, le sang et la lymphe.

A qui le drainage peut s’adresser ?

Si une personne est intoxinée sans être carencée, elle peut pratiquer le jeune (de préférence avec un suivi thérapeutique) ou la diète.

Si une personne est à la fois carencée et intoxinée, il vaut mieux ne pas pratiquer le jeune ou la diète. On conseillera alors plutôt la prise de plantes drainantes ou de sève de bouleau.

Lorsque la charge toxinique est très importante, ce qu’on voit chez les gros mangeurs de charcuterie, de produits laitiers de vache, de soja ou de levure (aliments riches en purines), on effectuera un drainage en douceur, car la libération dans le sang de toxines ou toxiques en grande quantité peut produire ce qu’on appelle un « choc de détoxication ». Généralement, cela se manifeste par des poussées de boutons, ce qui peut paraître désagréable, mais cela est généralement bon signe, malgré tout. Ces poussées se calment et disparaissent progressivement, ce qui indique que l’organisme se débarrasse des substances nocives.

Il existe des indications claires où le drainage est fondamental. Lorsqu’une personne souffre de rétention d’eau, ou d’œdèmes, cela est dû généralement au fait que la lymphe s’est chargée de toxines, et retient l’eau ensuite comme pour diluer les produits toxiques ou toxiniques. Il est nécessaire dans ce cas d’activer le foie et les reins. Les cures les plus appropriées sont les cures de sève de bouleau ou d’aubier de tilleul, ou encore la prise de plantes comme le pissenlit, le chiendent ou l’ortie.

Une personne qui s’est droguée ou alcoolisée peut faire un drainage, mais attention, une prise en charge de l’addiction est évidemment nécessaire.

Une personne qui connaît des troubles veineux doit effectuer un drainage. L’idéal est de drainer le foie et les reins, d’une part, et de donner de la bardane comme draineur du sang veineux, d’autre part. On complètera avec des veinotoniques tels que la vigne rouge, par exemple.

Une femme qui veut avoir un enfant peut effectuer un drainage avant de tomber enceinte. Effectivement, pendant les trois premiers mois, le fœtus est considéré par l’organisme de la mère comme une sorte « d’émonctoire supplémentaire », si bien qu’il récupère les toxiques et toxines durant cette période de la grossesse. Le drainage permettrait de limiter l’intoxination du fœtus lors des premières étapes de la grossesse.

Cela peut ne pas paraître évident pour tout le monde, mais une fois que la femme est enceinte, on évitera tout drainage, car cette pratique peut amener à des carences ou de la déminéralisation.

Enfin, seuls les adultes sont concernés par ces pratiques, l’enfant et l’adolescent étant en pleine croissance, ceux-ci éliminent beaucoup plus les toxines, en principe. Toutefois, des plantes telles que la bardane ou l’ortie peuvent se révéler encore utile chez les ados et les enfants.

Généralement, le drainage ayant pour effet de rajeunir les tissus et de les débarrasser d’un trop plein de toxines, il est utile à toute personne en surcharge toxinique, par accumulation de toxines dans le temps. Plus la personne a accumulé de toxines par de mauvaises habitudes de vie, plus le drainage sera utile.

Mais il ne faut pas non plus oublier de régler ensuite son alimentation, de manière à ne pas se réexposer à ces toxines. Bien des gens veulent le drainage miracle mais oublient ensuite d’intégrer les règles alimentaires de base qui évitent de se « réintoxiner ». Et alors le drainage aura été inutile pour finir.

Outre le cas de la femme enceinte, il existe des contre indications au drainage. Tout dépend des techniques employées. Le drainage lymphatique sera par exemple totalement interdit à une personne qui a de gros problèmes veineux, car en cas de phlébite, le risque est de faire remonter un caillot de sang dans les capillaires pulmonaires, et d’engendrer une embolie pulmonaire.

Bien des techniques de drainage sont « déminéralisantes ». C’est le cas de la cure d’aubier de tilleul, qu’on ne conseille pas à une personne ayant ostéoporose ou arthrose.

Le drainage n’est pas une pratique qu’on doit s’administrer en automédication. Il faut d’abord vérifier si c’est nécessaire de le pratiquer, et ensuite d’identifier ce qu’il faut drainer et par quel moyen. Certains sont obnubilés par le drainage, comme s’ils ressentaient un besoin, conscient ou inconscient, de se « purifier ». Dans ce cas, il ne faut conseiller que des élixirs floraux, tels le pommier sauvage, utile pour les personnes qui se sentent impures. Le drainage devra alors être, dans ce cas, purement émotionnel. Mais surtout, l’on ne doit pas céder à ce besoin mental de purification, car souvent le drainage physiologique et métabolique ne se justifie absolument pas dans ce cas là.

Si vous voulez vous drainer, contentez vous donc de techniques simples aux changements de saison, telles que la prise de sève de bouleau. Et surtout, faites appel à un naturopathe pour identifier ce qu’il faut drainer, ainsi que la méthode qui vous sera le plus adaptée.

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Alain Tardif

Naturopathe, président de l’Académie européenne des médecines naturelles, animateur du réseau social des thérapies naturelles, créateur de gammes de produits à base de plantes et auteur de nombreux ouvrages dont « Quand la gastronomie se fait bio » (Bastille édition) et « Forme et santé : Les 7 règles d’or » (éditions Trédaniel)

Co-créateur également, avec Gilles Donguy et Richard Marcoux, des logiciels A Table!, qui vous permet de personnaliser vos propres recettes de cuisine, intégrant notamment la possibilité de créer des recettes drainantes, désintoxinantes, activant le foie, les reins, etc.

Site de l’école : www.aemn.org ; site du logiciel : www.biogiciel.com

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